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Le syndrome du troisième mandat en Afrique : une véritable source de crise sociopolitique

jeudi 15 octobre 2020, par Abdoulaye M’Begniga

Des réformes constitutionnelles taillées à mesure pour se griffonner à des pouvoirs obtenus à travers le bain de sang et plusieurs autres soubresauts sociaux.

Le troisième mandat est devenu un syndrome qui occasionne plus de mal qu’il n’arrange ses coupables. Ce qui est aberrant, c’est que les initiateurs de ces troisièmes mandats, appuyés par les bourreaux occidentaux qui ne font que profiter des situations chaotiques en Afrique, ont toujours sur leurs lèvres la fameuse « démocratie » qu’ils s’enorgueillissent de l’avoir appris de l’Occident. Ce n’est nullement quelque chose de mauvais. Cependant, la démocratie a beaucoup de critères qu’il faut respecter pour ensuite se taper la poitrine d’être un démocrate ou de donner des leçons de démocratie.

Les initiateurs de ces troisièmes mandats pensent qu’ils sont irremplaçables, ou qu’il n’y a personne mieux qu’eux pour faire avancer le pays. « Il faut que je reste pour achever les programmes de développement socio-économique entrepris il y a quelques années » soutiennent-ils. Comme dit l’adage africain : « C’est une question de vision et non de l’ouïe. » Si développement socio-économique il y en a, comme ils ne cessent de larguer comme raison valable dans leur forfaiture de changement constitutionnel pour mourir au pouvoir, beaucoup de jeunes africains n’allaient jamais mourir en tentant de traverser la Méditerranée pour aller chercher fortune en Europe… Les gros chiffres de croissance avancés à longueur de journée ne sont que des leurres, car ils n’ont jamais profité aux citoyens lambda. Ces paisibles citoyens qui n’ont besoin que d’une certaine stabilité pour vivre leur vie paisiblement et modestement. Et voilà que des soi-disant démocrates, à travers leurs projets de troisième mandat, ne font que souffler sur la braise qui lance des étincelles de crise menaçant cette stabilité.

Une anecdote drôle : Lors d’une crise postélectorale dans un pays africain, mon père m’a dit une fois : « L’Africain ne mérite jamais d’être un dirigeant (président). » « Pourquoi ? » lui ai-je demandé. Il renchérit : « La plupart du cas, il vient au pouvoir à travers une crise sociopolitique occasionnant des morts d’hommes, ou il peut venir au pouvoir paisiblement. Mais ce qui est aberrant, il ne veut jamais quitter ce pouvoir et accepte qu’il y ait des morts, pourvue que lui reste au pouvoir. »