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CAMEROUN, la COVID-19 enfonce le clou : la compagnie nationale aérienne cherche repreneur

mardi 28 juillet 2020, par Chef Aby

L’entreprise camerounaise de navigation aérienne, Camair-Co, ne se portait déjà pas bien, et la crise sanitaire de la COVID-19 est venue enfoncer le clou. La compagnie connait des difficultés financières énormes et dans les coulisses, on parle d’une privatisation annoncée. L’état, seul actionnaire, veut finalement céder 51% du capital à des acquéreurs privés. Est-ce la meilleure option pour relancer la compagnie longtemps restée sous perfusion ?

C’est plus ou moins officiel, même si la stratégie n’est pas encore connue. Le Chef de l’état camerounais a donné une indication sur l’ouverture du capital de certaines entreprises du portefeuille de l’état, aux privés. Camair-co va ainsi être la première expérience en la matière. Selon une révélation du courrier confidentiel N° 86 du 24 juillet 2020, le président Paul Biya a demandé à son Premier ministre, Joseph Dion Ngute, d’élaborer urgemment un plan de restructuration et de relance de la compagnie aérienne, en vue de la cession de 51 % de son capital à un partenaire stratégique privé.

N’EST-CE PAS UN PEU TARD ?
Le secteur privé avait déjà évoqué cette possibilité il ya plusieurs années et notamment, lors du passage de Camair (déclarée morte en 2006) à Camair-Co. A cet effet, la liquidation avait posé un certain nombre d’actes. Surtout que Camair-Co recommençait avec une trésorerie relativement saine. Il semble que c’est à ce moment là qu’on aurait dû injecter les capitaux privés et surtout, engager une démarche de gestion privée. Maintenant, il faut probablement comprendre qu’au sein même du gouvernement camerounais, les gens ne sont pas toujours d’accord sur la stratégie. Il y aurait qui profiterait de la situation de Camer-Co, qui doit toujours être subventionné. On a pu apprécier il ya quelques années, que malgré le nombre de DG qui passaient pratiquement tous les 18 mois, à la tête de la compagnie, il y en a un en particulièrement (Monsieur Dikoume Ernest, débarqué le 27 Mai dernier), qui a démontré par les chiffres, que Camair-Co, si elle était bien gérée, pouvait être rentable et pourrait même à un moment donné, se passer de la subvention du gouvernement. On n’a pas compris ce qui s’est passé finalement.

DES PERTES COLOSSALES
Avant cette échéance, Paul Biya a décidé d’allouer immédiatement 15 milliards de F CFA (22,8 millions d’euros) pour envoyer l’un des deux Boeing 737-700 et acquérir deux aéronefs Dash Bombardier Q400, mieux adaptés aux lignes de courte distance ; et la location de deux moteurs susceptibles de permettre la remise en vol du deuxième Boeing 737-700 NG de la compagnie. La compagnie traîne une dette abyssale de 110 milliards de FCFA, et des pertes, qui ont été annulées au 31 décembre 2018, estimées à près de 99,2 milliards de FCFA. À cette enveloppe, apprend-on, il faudrait ajouter une perte prévisionnelle de 15 milliards de FCFA au titre de l’exercice 2019 et 12 milliards de FCFA au titre du premier semestre 2020 (soit 126,2 milliards de FCFA de pertes au total), le tout pour un capital social de 21,8 milliards de FCFA.

DEJA UN PRENEURS CIBLE ?
Pourtant, le marché du transport aérien avant la COVID-19, se portait très bien au Cameroun. Le nombre de rotations de compagnies étrangères installées au Cameroun se multipliaient d’année en année, avec des vols régulièrement pleins à pratiquement plus de 75%. Preuve qu’il ya un marché sous-régional et international très fleurissant. Le marché local était déjà plus ou moins maitrisé par Camair-Co. Le potentiel est là, seulement on se demande encore, sur quelle base va s’organiser la prise d’intérêt par le secteur privé ? Probablement, le gouvernement s’organise pour présenter dans les prochaines semaines, une stratégie dans ce sens. Mais déjà, au sein du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM), il y a de nombreux capitaines d’industries nationaux qui pourraient être intéressés par la démarche, à condition que les choses soient claires et que l’état camerounais crédibilise sa signature, qui est parfois en mal de crédibilité ces derniers temps.

Mais le courrier confidentiel du 24 juillet 2020 nous révèle que « le partenaire stratégique privé attendu serait déjà bien identifié depuis deux ans ». Dans une correspondance du 18 mai 2020, suite à un conseil d’administration tenu le 15 mai 2020, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, le Président du conseil d’administration de la Camair-Co instruisait à Louis Georges Njipenji Kuoto, le directeur général, d’« adopter une position offensive dans le suivi du dossier de conclusion d’un partenariat stratégique avec les compagnies aériennes Emirates et Qatar ». Des sources biens introduites annoncent que Emirates Airlines et Qatar Air-ways, seraient très avancées dans la constitution d’un partenaire stratégique privé détenteur de la majorité du capital social de la compagnie aérienne camerounaise « nous-nous acheminons vers un partage d’actions stratégiques entre ces deux compagnies aériennes », précise l’une des sources. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, Camair-Co est dans un état lamentable, tous les cinq avions de sa flotte sont cloués au sol. Il faudrait un investissement massif et une stratégie claire, pour sortir la compagnie de la zone de turbulence.

CHEF ABY