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Cameroun : L’incendie d’une raffinerie de pétrole revendiqué par un groupe séparatiste

lundi 3 juin 2019, par Chef Aby

Limbe, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, un incendie ravage les unités de production de la Société nationale de raffinage de pétrole (Sonara). Un groupe séparatiste vient de revendiquer le forfait.

Dimanche 16 juillet 2017, une attaque contre un puits de pétrole dans la ville de Calabar, sud-est du Nigeria, fait 30 morts et de nombreux blessés. La secte islamique Boko Haram signe le crime. Vendredi dernier 31 Mai 2019, toujours dans le sud-est du Nigéria mais côté camerounais, à Limbe dans la région du Sud-Ouest, un incendie ravage les unités de production de la Société nationale de raffinage de pétrole (Sonara). Contre toutes attentes, un groupe séparatiste vient de revendiquer le forfait.

« Nous vous informons de la survenance d’une explosion suivie d’un incendie grave dans nos unités de production le 31 Mai 2019 aux environs de 21Heure 33 Minutes, entrainant des dégâts et un arrêt de production de toutes nos unités pour une période à déterminer… ». C’est l’essentiel du contenu du communiqué par lequel, Monsieur Simo Njonou Jean Paul, le Directeur de la Sonara a informé le public samedi dernier du grave sinistre qui a frappé son entreprise. En attendant l’évaluation des dégâts, la société a déclarée dès le lendemain, la suspension de ses activités.

Un crime signé « Ambaboys » !

Le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie (Minee), Monsieur Eloundou Essomba Gaston, dépêché par le Chef de l’Etat, s’est rapidement rendu sur place, pour constater l’étendu des dégâts. Mais avant même l’ouverture des enquêtes, il a affirmé que c’est un « incident d’origine technique ». Selon les témoignages, le drame serait parti d’une très forte déflagration, puis les flammes se sont propagées partout à l’usine, en consumant quatre unités de production, plusieurs bacs de stockage et affectant le bloc administratif.

Le lendemain samedi 1er juin 2019, contre toute attente, les sécessionnistes "Ambaboys" ont revendiqué le crime, à travers un message vidéo de 08 minutes et 38 secondes, envoyé aux autorités de Yaoundé. Ce groupe armé qui sème la terreur dans les régions camerounaise du Sud-Ouest et Nord-Ouest, en proie à une crise sociopolitique est ainsi passé à une autre dimension d’attaque. Sur la vidéo, un homme cagoulé, habillé en tenue militaire treillis, armé d’une mitrailleuse et un pistolet, annonce en anglais et en français que « opération or noir a été accomplit avec succès… », avouant qu’ils sont à l’origine du feu qui a détruit les installations de la raffinerie. Il affirme par ailleurs que l’armée nationale est déjà infiltrée par eux. Que lui et son groupe sont engagés maintenant à « attaquer toutes les grandes industries du pays, à fermer tous les robinets source de financement de l’achat des armes de guerre… », au cas où le pouvoir de Yaoundé s’obstine toujours à ne pas ouvrir rapidement le dialogue inclusif demandé, pour résoudre la crise né des revendications anglophones. Sur la vidéo, l’homme armé demande également avec autorité, la libération de tous les prisonniers politique, le départ du Président Paul Biya du pouvoir, pour une retraite paisible, le retrait de l’armée des fronts de crises dans les régions en conflit pour ne maintenir que la police pour assurer le maintien de l’ordre, la sécurité ses biens et des personnes...

La panique gagne progressivement le pays

En attendant que l’authentification de cette vidéo soit faite par les services compétents à Yaoundé, il est clair que c’est tout le pays qui est en panique. C’est une guerre d’un autre genre, pas trop connu dans le pays, qui prend désormais le début d’enracinement. L’autre peur est que la Sonara étant l’unique raffinerie, le pays risque de connaître une pénurie conséquente de produits pétroliers. Le dernier rapport de « International Crises Group » a révélé dernièrement que ce conflit qui gangrène les régions anglophones du Cameroun, avec des ramifications sur d’autres territoires proches, a déjà fait les 20 dernier mois, plus de 1.850 morts, 35.000 réfugiés au Nigéria, environ 500.000 déplacés internes et plus de 600.000 enfants privés d’éducation. Pourtant, le gouvernement continu de soutenir que « Le Cameroun est debout, têtu comme la vérité, visant l’émergence en 2035 », alors qu’un drame humanitaire se vit dans le pays profond.

CHEF ABY